Où Adso se débat dans les peines d’amour, puis arrive Guillaume avec le texte de Venantius, qui continue de rester indéchiffrable, même après avoir été déchiffré.

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En latin En français
Actus appetiti sensitivi in quantum habent trasmutationem corporalem annexam, passiones dicuntur, non autem actus voluntatis. Un acte de l’appétit sensoriel qui implique une transformation corporelle s’appelle une « passion », et pas seulement un « acte de la volonté ».

En latin En français
Appetitus tendit in appetibile realiter consequendum ut sit ibi finis motus. Le désir cherche la chose désirée, en supposant à juste titre que là, son désir sera satisfait.

En latin En français
Amor facit quod ipsas res quae amantur, amanti aliquo modo uniantur, et amor est magis cognitivus quam cognitio. L’amour fait en sorte que les choses mêmes qui sont aimées soient unies d’une certaine manière à la personne aimée, et l’amour est plus savant que le savoir.

Latin, « Dans ta vie intérieure et dans ta chair. »

On se souvient de cette épigraphe qui inaugure le livre I des Confessions de Rousseau. La citation vient du poète latin Perse. Le vers entier est « Ego te intus et in cute novi » (Satires, III, vers 30 - « Moi, je te connais par cœur »). Difficile de croire qu’Eco n’ait pas ces hypotextes en tête lorsqu’il écrit ce chapitre.


Latin, « source de dispute ».


Latin, « partage de l’être aimé ».


Livre, Les noms divins. Titre en latin, De divinis nominibus.

Livre attribué à Denys l’Aréopagite, disciple de saint Paul et premier évêque d’Athènes. Traite en 13 chapitres des noms que Dieu reçoit dans la Bible et, d’après eux, explique la nature et les propriétés de Dieu. Traduit en latin au IXe siècle par Jean Scot Erigène.


Latin, « propter multum amorem quem habet ad existentia », Dieu est jaloux « à cause du grand amour qu’il ressent pour les choses qui existent. »


Citation latine de Saint Augustin que le Docteur angélique, saint Thomas d’Aquin reprend à son compte : « un mouvement vers l’objet aimé ». (Augustin, Questions, 35 et 36).


Latin « agnus » et « agnoscit », « agneau » et « reconnaît ».

Cette affirmation, comme les suivantes, suit la théorie « nominaliste » des philosophes médiévaux, selon laquelle les noms des choses sont dérivés des caractéristiques des choses elles-mêmes. Platon, dans le Cratyle, soutenait déjà qu’il existait une relation motivée entre le nom des choses, le signifiant, et les choses elles-mêmes, le signifié. Au XXe siècle, le linguistique Saussure a élaboré une théorie dans laquelle cette relation est arbitraire.


Latin « ovis » et « ab oblatione », « mouton » et « par le sacrifice », en référence à la dimension sacrificielle de cet animal dans les trois religions dites abrahamiques.


Latin, « le chant ».


Le thaumaturge est celui qui accomplit un miracle. On connaît par exemple les rois thaumaturges. Le miracle est perçu comme la manifestation du pouvoir divin.


Latin, « la vigueur ».


Honorius Augustodunensis (environ 1080- 1150). Souvent appelé à tort Honorius d’Autun, cet écrivain réputé mystérieux pour le peu de détails qu’on sait de sa vie (on doute même parfois de son existence, en supposant que ses écrits ne sont qu’une compilation) et pour son goût de l’arcane a dû naître en Angleterre, où il fut l’élève d’Anselme de Canterbury. Il vécut sous l’habit des bénédictins « celtiques », presque en ermite, dans les environs de Ratisbonne, qu’il appelle Augustodunum ; il y rédigea une œuvre littéraire considérable, très variée et d’un grand intérêt historique. Jean-Pierre Bordier, Universalis.


Vincent de Beauvais (1184-1264). Vincent de Beauvais est un frère prêcheur, dominicain français, et encyclopédiste médiéval. Il reçoit de son Ordre la mission de rédiger un « livre des livres » (le mot « encyclopédie » n’existe pas au Moyen Âge, mais la circularité des connaissances appartient de plein droit à l’époque médiévale) qui devait refléter toutes les connaissances connues aux alentours de 1250. Cette vaste entreprise de compilation et d’ordonnancement devait servir de base à la formation des frères qui n’avaient pas accès au parcours de l’Université.

Ce livre s’intitule le Speculum maius (Grand Miroir). L’ouvrage est divisé en trois parties :

  • Le Speculum naturale traite « selon l’ordre de la Sainte Écriture en premier lieu du Créateur, puis des créatures » : on pourrait comparer cette partie à une histoire naturelle qui se calquerait sur le modèle de la Genèse, en suivant l’ordre des six jours de la création.
  • Le Speculum doctrinale expose « la chute et la restauration de l’homme » et présente les savoirs théoriques et pratiques accordés à l’Homme pour lui permettre de lutter contre le péché. Ce sont les sciences du discours (grammaire, dialectique, etc.), les sciences morales, les arts mécaniques, la médecine et les sciences dites physico-mathématiques. Ironie du sort, la dernière partie qui touche à la science théologique, conçue comme le couronnement du tout, est restée largement inachevée.
  • Le Speculum historiale présente « les faits et les gestes historiques selon la chronologie », présente l’histoire du monde et de l’humanité selon la conception chronologique augustinienne : du bannissement d’Adam et Eve du paradis jusqu’à la seconde venue du Christ, la fin des temps. Entre ces deux bornes, l’histoire du monde prend la forme d’une chronique où sont recensés les grands moments de l’histoire ; un vaste appareil de légendier et de citations d’autorités antiques, patristiques médiévales accompagne cette partie. C’est surtout cette troisième partie qui a reçu un grand succès au Moyen Âge.

Vincent cite de nombreux auteurs latins, grecs, arabes et hébreux, dont Platon, Aristote, le Physiologus (sorte de bestiaire chrétien médiéval), Isidore de Séville, Rhazes et Adélard de Bath. La véracité des propos recensés et surtout leur pertinence ont été remises en question dernièrement. Au regard des connaissances actuelles, que cela soit en sciences naturelles, physico-mathématiques ou historiographiques, un certain nombre de références apparaissent contestables voire fausses.


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